QU'EST-CE QUE LA GESTALT ?
La Gestalt-thérapie est à la fois un corpus de concepts et un ensemble de pratiques visant un changement personnel, psychosocial et organisationnel.
MÉTHODE, THÉORIE & OBJECTIFS DE LA GESTALT-THÉRAPIE
Cette approche thérapeutique est centrée sur l’interaction constante de l’être humain avec son environnement. Elle s’intéresse à la manière dont cette interaction prend forme et tente de mettre du mouvement lorsque cette forme est figée et répétitive.
Le terme allemand gestalten, qui signifie « donner forme », « faire émerger », signe ici une filiation avec la gestalt-psychologie et la théorie de la forme.
La Gestalt pose donc qu’on ne peut faire abstraction de l’environnement dans lequel l’individu se situe : la personne, en tant qu’organisme, est en contact avec l’environnement et aucun organisme ne subsiste sans échange avec l’environnement.
Le corpus de concepts s’organise autour de la notion de contact vue comme un processus, qui s’appuie sur une philosophie phénoménologique et pragmatique.
La gestalt favorise un contact authentique avec les autres, un « ajustement créateur » à l’environnement, ainsi qu’une prise de conscience des dysfonctionnements anachroniques qui poussent à des conduites répétitives.
Elle permet le repérage des processus de blocage ou d’interruption dans le cycle du contact, des inhibitions, évitements et illusions persistantes.
Cette vision des interactions et l’intégration des concepts s’actualisent dans un ensemble de pratiques d’accompagnement des personnes, des groupes et des organisations.
L’accent est mis sur l’expérience subjective et la prise en compte de ce qui se passe dans la situation présente.
La Gestalt soutient tout particulièrement l’autonomie, la responsabilité et la créativité.
Elle met l’accent sur la conscience du processus en cours, dans l’ici et maintenant de chaque situation, et réhabilite le sensoriel et l’émotionnel, trop souvent censurés par notre culture.
Elle développe ainsi une perspective unifiée et cohérente de l’être humain, avec ses principales dimensions : physique, affective, cognitive, sociale et spirituelle.
HISTOIRE DE LA GESTALT-THÉRAPIE
La Gestalt-thérapie a été élaborée collectivement par un groupe réuni initialement autour de Fritz PERLS, psychanalyste juif d’origine allemande émigré aux États-Unis, et composé notamment de Paul GOODMAN et Laura PERLS.
Fritz PERLS va peu à peu faire connaître cette nouvelle approche psychothérapeutique tout à fait innovante à l’époque. Elle va se développer à partir des années 50, sur la côte Est dans un premier temps, avant de prendre souche en Californie. Elle y est devenue célèbre, notamment à l’occasion du mouvement de contre-culture des années 60, à la recherche de nouvelles valeurs humanistes, de créativité et de liberté, rendant à chacun sa part de responsabilité, revalorisant l’être par rapport à l’avoir, émancipant le savoir par rapport au pouvoir.
La Gestalt, de par l’influence des différentes personnalités du groupe fondateur, se situe au carrefour de plusieurs courants européens, américains et orientaux : approches phénoménologique et existentielle, pragmatisme, psychanalyse, thérapies d’inspiration reichienne, zen, etc.
QUELQUES CONCEPTS FONDAMENTAUX DE LA GESTALT
CHAMP ORGANISME/ENVIRONNEMENT
La théorie du champ proposée par Kurt Lewin affirme l’impossibilité de décrire un comportement humain indépendamment de son milieu. En gestalt-thérapie, le principe d’indissociabilité du champ organisme/environnement est fondateur : « à tout moment, tout homme fait partie d'un champ, et son comportement est toujours la résultante d'un champ global incluant lui-même et ce qui l'entoure ». Le champ n’existe pas d’une manière permanente en tant qu’entité mais s’actualise. Il se modifie en lien avec l’évolution des éléments qui composent la situation.
En ce qui concerne la dyade patient-thérapeute, le modèle classique du soin considère que chacun arrive avec son individualité en tant que sujet constitué, porteur d’une identité. Dans l’optique du champ, l’accent est mis sur ce qui se déroule dans l’interaction entre les deux acteurs, sans présupposé. C’est la rencontre qui permet l’émergence du sujet.
CONTACT
Les théories contemporaines du développement donnent de l’importance aux relations précoces de l’enfant avec son entourage. Selon les fondements de la Gestalt-thérapie, tout au long de la vie, ces interactions prennent la forme de séquences de contact entre l’être humain et son environnement animé et inanimé.
Nul ne peut se soustraire au fait de contacter, s’inscrivant ainsi dans un processus continu d’échange : aller-retour simultané de transformations réciproques.
Dans cette perspective, la situation est prise en compte dans la globalité des échanges que ce soit physiologique, sensoriel, émotionnel, et cognitif.
FRONTIÈRE-CONTACT
« La psychologie consiste à observer ce qui se passe à la frontière-contact entre l'individu et l'environnement : c'est là, à la limite entre les deux, que les événements psychologiques ont lieu. Nos pensées, nos actions, nos comportements, nos émotions sont différentes manières de vivre ces événements qui se passent en lisière, au point de contact. »
Cette frontière-contact désigne à la fois ce qui sépare et ce qui relie. C’est l’interface avec le monde qui nous constitue et nous transforme en permanence créant ainsi un « entre » habité de nos présences.
Le gestalt-thérapeute s’intéresse à l’expérience à la frontière-contact. Il se centre sur l’entre-deux, connecté à la fois à l’autre et à lui-même.
AJUSTEMENT CRÉATEUR
Tout contact confronte à la nouveauté d’un champ en perpétuel changement. Face à ce déséquilibre, l’organisme se mobilise dans un ajustement constant pour répondre aux sollicitations du milieu. « Les auteurs de Gestalt-thérapie distinguent l'ajustement conservateur nécessaire à la survie [...] de l'ajustement créateur qui permet la croissance [...] » Quand le fonctionnement habituel et automatique de l’ajustement conservateur ne suffit pas, l’ajustement créateur entre en jeu pour s’adapter de façon créatrice. La survenue de l’anxiété produite par la nouveauté sollicite le self qui met en œuvre toutes les ressources de l’organisme.
La situation thérapeutique crée de la surprise et de l’insécurité. Une tendance serait de retrouver et répéter ses réponses automatiques (souvent nommées en termes de transfert) plutôt que de créer de nouveaux modes relationnels. Au lieu de se centrer sur la reproduction des comportements usuels, le Gestalt-thérapeute met l’accent sur les possibilités d’invention offertes par cette situation spécifique.
LE SELF
« Appelons self le système de contact à tous les instants. En tant que tel, le self varie avec souplesse. Ses variations suivent les besoins organiques dominants et la pression des stimuli de l’environnement ». Ainsi le self est défini en Gestalt-thérapie comme l’ensemble des ajustements à la frontière-contact. Il s’active dans les situations de haute intensité qui nécessitent d’introduire du mouvement quand les schèmes de contact sont récurrents ou figés. Dans cette perspective, le self ne se rapporte pas à l’individu, il ne s’agit pas d’une structure fixe de l’organisme ou d’une instance psychique, mais d’un processus interactionnel dans le champ.
Le self se décline selon différentes modalités expérientielles :
- Le mode ça concerne la pulsation de vie (besoins /désirs) et sa mise en forme sensorielle et émotionnelle qui s’éprouve dans le corps. Ces fonctions vitales et animales s’activent en réaction spontanée aux modifications de l’état physiologique ou environnemental.
- Le mode personnalité englobe les représentations de soi et du monde qui sont la résultante des expériences passées, de l’héritage socio-culturel et trans-générationnel. L’assimilation des expériences successives se traduit dans une configuration stable qui donne le sentiment de permanence, de continuité et d’identité personnelle.
- Le mode moi se traduit dans un comportement prenant en compte les informations venues des modes ça et personnalité. Il s’exerce en opérant des choix et des orientations en fonction des possibilités offertes par la situation. Il rejette certaines options et en retient d’autres en vue d’un équilibre entre acceptation et création, entre stabilité et nouveauté, entre sécurité et audace.
(source : concepts fondamentaux de la gestalt-thérapie par les auteurs de l'ex CMMC)
COMMENT SE DÉROULE UNE SÉANCE DE GESTALT ?
Une séance de Gestalt-thérapie se passe en face à face et le thérapeute dialogue avec son patient. La première fois qu'une personne vient consulter, le gestalt-thérapeute explore avec lui sa demande, la clarifie et répond à ses questions.
Un gestalt-thérapeute est intervenant et actif, mais jamais directif. Il recourt à diverses techniques, verbales ou non. « Il s’agit d’ « implication contrôlée ». Le thérapeute partage délibérément une partie de son ressenti afin d’aider le client à explorer sa difficulté. »
Les séances se passent donc en face à face et le gestalt-thérapeute dialogue avec son patient.
La première fois qu’une personne vient consulter, le gestalt-thérapeute explore avec lui sa demande, la clarifie et répond à ses questions.
Ensuite, il pose le cadre de la relation thérapeutique : rythme et durée des séances, durée, tarif, respect des rendez-vous et modalités de la fin de thérapie. Toutes ces informations sont énoncées au patient lors de la première séance. Si le thérapeute et la personne qui consulte sont d’accord, le travail thérapeutique peut commencer.
La personne est accueillie telle qu’elle est, avec ses zones de fragilité et d’insécurité, sans jugement (epochè) ni référence à un modèle de comportement.
Le thérapeute invite son patient à exprimer tout ce qui est présent pour lui : ce qui occupe ses pensées, ses préoccupations, ses états d’âme, une intuition, un sentiment, une sensation, un rêve, une expérience heureuse, une satisfaction éprouvée, ou une situation : son travail, sa famille, un film qu’il a vu …
Tout sert de base de travail pour le thérapeute qui va aider son patient à prendre conscience des différentes facettes de son vécu, à mettre en mouvement ses représentations, à progressivement reconnaître et accueillir ses sensations et émotions, à identifier son « besoin ou aspiration du moment », puis à trouver de nouvelles formes d’interactions avec son environnement.
Au fil du travail thérapeutique, le patient prend conscience qu’en mobilisant ses ressources, il bénéficie d’une plus grande liberté et d’une plus grande autonomie dans ses choix de vie.